Une date à marquer d’une pierre noire dans la politique énergétique française…

Le 14 Mars 2019, la production d’énergie éolienne française a battu un record : selon RTE (Réseau de Transport d’Electricité), et grâce à une météo particulièrement ventée, la production d’énergie éolienne hexagonale a atteint la quantité record de 12 Gigawatts/heure (GWh) d’électricité de 14h à 15h (voir le site de RTE :
https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique ).

Mais cette « bonne nouvelle » saluée par la Presse mérite d’être examinée en détail :
en effet, la France est contrainte de vendre son excédent d’électricité, impossible à stocker, lorsque les éoliennes produisent inopinément plus que ses besoins propres.
Ce surplus énergétique éolien est vendu à l’export au prix du moment sur le marché européen de gros de l’électricité EPEX SPOT (bourse des marchés spot de l’électricité européenne, qui regroupe la France et les 6 pays auxquelles elle est interconnectée : Angleterre, Belgique, Allemagne, Suisse, Italie et Espagne).

Or, comme l’explique Jean-Marc Jancovici (Consultant indépendant Energie-Climat) lors d’une intervention auprès de la Commission d’enquête sénatoriale sur le coût réel de l’électricité, au niveau du continent européen,

en gros ou bien vous avez une dépression atlantique et toutes les éoliennes produisent, qu’elles soient en Espagne, en Allemagne, en France, en UK, etc…, ou bien vous êtes en régime anticyclonique et vous avez un peu de vents résiduels à Gibraltar, dans le couloir rhodanien, etc…


Puissance injectée heure par heure sur le réseau par l’ensemble des éoliennes d’Europe,
entre le 1er septembre 2010 et le 28 mars 2011.
L’effet de « foisonnement » n’est clairement pas constaté à l’échelle du continent européen : il n’y a pas compensation de la baisse ici par une augmentation là…
Source : Hubert Flocard, Sauvons le Climat, novembre 2011

C’est à dire que quand le vent souffle fort, il souffle fort sur toute l’Europe, donc que la production électrique éolienne est excédentaire dans toute l’Europe, et que par conséquent son prix sur le marché EPEX SPOT à ce moment-là est en chute libre : soit 29 €/MWh le 14 mars 2019.

Or, cette électricité, l’Etat Français finance son rachat aux industriels éoliens au prix contractuel minimum de 80 €/MWh.

La consultation du site de RTE permet de mettre en évidence que le 14 mars 2019, l’éolien a produit 252 GWh de 0 à 24 h, dont 239 GWh ont été instantanément exportés.

Il faut rappeler ici que, par le biais des taxes appliquées sur la facture d’électricité (CSPE) et les 2 € versés aux promoteurs éoliens à chaque plein de carburant (TIPCE), ce sont les français qui payent la différence entre le prix d’achat (80 €) et le prix de vente (29 €) de l’électricité éolienne.

La date du 14 mars 2019 est donc bien à marquer d’une pierre noire, car c’est effectivement celle d’un record :
c’est le jour où l’éolien aura coûté plus de 11 millions d’Euros aux Français !

Et c’est une information intéressante à méditer par les parlementaires de la Commission d’enquête sur la transition énergétique, qui a prévu de plancher sur « l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique » : en effet, écraser les français sous des taxes énergétiques qui s’appliquent le plus durement sur les plus défavorisés et les habitants des territoires ruraux, pour rémunérer grassement les industriels éoliens étrangers, ce n’est pas vraiment ce qui s’appelle de la justice fiscale…

(Source : Collectif Energie & Vérité)