Vents d’Oc double la mise, avec un 2ème projet de parc industriel éolien sur la commune de Pommiers !

 

Le Progrès – Edition de Roanne – Lundi 18 Juin 2018

Après la présentation, quasi confidentielle, début 2018, d’un projet de parc industriel de 6 éoliennes de 180 mètres de haut sur les communes d’Amions et de Pommiers (réunion d’information le 15 février, en mairie d’Amions, réservée aux seuls propriétaires des terrains concernés par le projet), cette fois, le Lundi 18 Juin à 18h30, Vents d’OC a mis les petits plats dans les grands pour une réunion publique d’information à l’invitation de la commune de Pommiers : distribution de cartons d’invitation plusieurs jours auparavant dans les boites aux lettres des habitants de la commune (par les membres du conseil municipal…), réunion dans la salle des fêtes introduite par Mr le maire en personne et encadrée par le personnel de Vents d’Oc (les membres de l’APPRAI avaient été prévenus au préalable que les manifestations d’opposition ne seraient pas tolérées et donneraient lieu à une expulsion immédiate de la salle…), 3 intervenants de Vents d’Oc, dont Mr Jean-Pierre Bahl son Directeur Général, pour commenter pendant près de 2 heures une quarantaine de diapositives, le mot de la fin à la première adjointe qui a lu, en toute candeur, la lettre d’un mystérieux habitant de la commune, regrettant de ne pas être présent à la réunion mais souhaitant néanmoins témoigner de son enthousiasme pour les éoliennes (la ficelle était tellement énorme que l’assemblée en a souri !), avant de céder la place à un généreux buffet pour terminer la soirée sur une note cordiale (pas de doute que les propriétaires des terrains pressentis pour le projet sauront se souvenir de la convivialité de Vents d’Oc quand il s’agira de signer une promesse de bail emphytéotique de 25 ans d’ici quelques semaines…).

Le Progrès – Edition de Roanne – Mardi 19 Juin 2018

L’objet de la réunion était donc la présentation d’un 2ème projet de parc industriel éolien porté par Vent d’Oc, de même caractéristiques que celui d’Amions : 6 éoliennes de 180 mètres de haut et d’une puissance de 2,5 MW chacune, soit 15 MW pour l’ensemble du projet, et distant de quelques centaines de mètres de la zone du premier. On s’étonne que les 2 projets ne soient pas regroupés en un seul mais il y a une raison à cela : les projets de 6 éoliennes ou moins et d’une puissance par machine inférieure à 3 MW ne sont pas soumis à appel d’offre (donc pas de concurrence éventuelle entre des projets portés par des promoteurs différents) et bénéficient d’un prix de rachat par EDF de l’électricité produite plus intéressant (donc plus de subventions).

Après la présentation de cartes de localisation potentielle du projet (en direction des Tuileries, à proximité de l’autoroute, en limite avec la commune de Saint-Georges de Baroille), des simulations de l’impact visuel des éoliennes depuis plusieurs points de la commune et des environs ont été projetées : cachées dans le gris du ciel ou derrière des haies, voire complétement invisibles depuis le centre du village alors que les mats mesureraient 6 fois la hauteur du château d’eau de Pommiers, ces images complétement fantasques et irréalistes ont suscité l’incrédulité ou l’indignation de l’assemblée.

Vent d’Oc a ensuite particulièrement insisté sur les aspects financiers du projet : ceci n’a rien d’étonnant dans le contexte de difficultés financières que connait la commune de Pommiers (affaire du camping et investissements imprudents lors de précédentes mandatures). La somme de 43 000 € par an versée à la commune a été annoncée, mais à condition d’une part qu’une loi autorisant le reversement par l’EPCI (c’est-à-dire la communauté de communes) de 20% de la part lui revenant soit publiée et d’autre part qu’un poste de livraison pour le raccordement des éoliennes au réseau électrique soit installé sur le territoire : sinon ce sont seulement 5 600 € annuels qui reviendraient à la commune, somme dérisoire au regard de la dégradation de l’environnement visuel et sonore et des préjudices portés au tourisme qui en découlent (alors même que la renommée de Pommiers est basée sur l’attrait touristique apporté par son site et son prieuré). De plus ces sommes sont calculées à partir du prix de rachat actuel par EDF de l’électricité produite, or ces tarifs vont être fortement revus à la baisse par l’Etat dans les années à venir compte-tenu du lourd impact négatif de ces subventions dans le budget de l’Etat jusqu’à après 2030 (rapport de la Cour des comptes de Mars 2018).

Des propositions de financement innovantes, sous la forme de financements participatifs (« crowd-founding ») ont été ensuite présentées par Vent d’Oc, sous couvert d’un partage de la gouvernance de la gestion des installations (51% des parts détenues par une SEM dont la commune serait actionnaire). Le modèle du crowd-founding, très à la mode actuellement dans le monde des start-ups, permet de trouver des financements pour des activités risquées et potentiellement non rentables pour lesquelles les banques ne veulent pas s’engager à prêter de l’argent. Dans le cas du projet éolien de Pommiers, il s’agirait de trouver 400 000 € pour le lancement du projet, et même 75 000 € supplémentaires pour le financement de l’installation du mât de mesure du vent, pour lequel Vent d’Oc ne veut plus s’engager seul compte tenu des risques de dégradations du matériel dans le cas d’un projet contesté.
Si Vent d’Oc fait appel au financement participatif pour de telles sommes, on est en droit de s’interroger sur la santé financière de l’entreprise et sa capacité à faire financer ses projets de manière conventionnelle par des banques, alors même qu’elle n’exploite à ce jour aucune installation éolienne en France (son projet le plus avancé, dans l’Aveyron, a finalement été annulé par le Préfet en 2016) et que 70% des projets de parcs éoliens terrestres en France font l’objet de recours.
De plus 400 000 € représentent l’équivalent du budget annuel de la commune de Pommiers ! C’est pourquoi, envisager de se lancer dans un investissement aussi hasardeux (un projet éolien met entre 7 et 10 ans à aboutir, période pendant laquelle des technologies plus performantes et efficaces en matière d’énergies renouvelables peuvent d’émerger, rendant de facto le projet obsolète et non rentable), sachant que la commune est déjà lourdement endettée par des errements de gestion passés et peine à trouver des communes volontaires pour fusionner (condition au maintien par l’Etat du niveau de subventions actuel), ne parait absolument pas une option sage et susceptible de remporter l’adhésion des habitants et contribuables locaux (Quid de l’augmentation des impôts locaux si la rentabilité faramineuse de 3 à 8% annoncée pour l’investissement n’est pas au rendez-vous ?)

En conclusion, malgré les efforts pédagogiques de Vents d’Oc, c’est un sentiment de confusion, relayé par l’assemblée, qui émerge de cette réunion publique d’information : incertitude sur la faisabilité et les délais du projet, manque de recul sur l’innocuité à long terme pour la santé d’éoliennes de 180 mètres de haut situées à 500 mètres des habitations (infrasons), manque de clarté sur le montage financier, craintes sur la viabilité économique de l’entreprise et donc sa capacité à démanteler les installations en fin d’exploitation…

Comme pour le projet éolien d’Amions, l’APPRAI incite les habitants de Pommiers à se mobiliser pour que ce projet industriel démesuré ne se fasse pas et à sensibiliser la municipalité et la communauté de communes sur des solutions à base d’énergies renouvelables plus respectueuses du territoire et du patrimoine rural (cliquer ici pour en savoir plus).

 

(Le Progrès – Edition de Roanne : Article du Mercredi 20 Juin 2018)